Solidaris clôt sa pétition pour un prix juste des médicaments avec plus de 50.000 signatures

22.02.2024

Notre membre Solidaris a bouclé lundi 19 février sa pétition pour un prix des médicaments plus juste avec environ 55.000 signatures de citoyens. La prochaine étape sera une probable audition en commission de la Santé de la Chambre. Aux négociations de prix dominées par des firmes pharmaceutiques gourmandes, Solidaris oppose un “calculateur de prix juste”, qui permettrait selon elle de faire économiser jusqu’à un milliard d’euros par an à la sécurité sociale.

Pour marquer le coup, une délégation de Solidaris s’est présentée à la Chambre lundi midi pour une action symbolique, pilule géante sous le bras. Les deux secrétaires généraux, Jean-Pascal Labille et Paul Callewaert, y ont brièvement rencontré Eliane Tillieux (PS), la présidente de l’assemblée. Dans l’après-midi, c’est au ministre des Affaires sociales et de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit) qu’ils ont exposé leurs demandes.

La pétition a été lancée par Solidaris fin janvier 2023, pour mettre le sujet à l’agenda des élus. “Dans la suite des événements, les services vont vérifier la validité (des signatures) et la commission des pétitions se réunira, certainement avant la fin de la législature”, pour décider ce qu’il en adviendra, a commenté Eliane Tillieux en recevant les responsables de Solidaris. À partir de 25.000 signatures, les initiateurs de la pétition peuvent, s’ils le souhaitent, être entendus en commission compétente. “On espère avoir ce débat encore avant la fin de la législature”, indique Jean-Pascal Labille, “et, en plus, dans le cadre de la présidence belge de l’UE, parce que cette fixation du prix du médicament n’est pas qu’un enjeu belge, il est européen”.

Selon Solidaris, l’assurance maladie dépense plus de 5,4 milliards d’euros par an pour les médicaments. “On considère, sur base d’un modèle développé par l’Association Internationale de la Mutualité, que c’est un milliard de trop”, explique Jean-Pascal Labille. Les montants négociés entre les firmes pharmaceutiques et l’Etat, parfois via des contrats secrets avec le cabinet du ministre compétent, sont particulièrement démesurés pour les médicaments innovants contre le cancer ou les traitements de maladies rares. Et pour cause: le secteur pharma est en position de force dans ces discussions, s’appuyant sur la confidentialité des contrats passés avec les autres pays, un lobby puissant et le poids de l’emploi qu’il représente en Belgique.

La pétition vise à faire modifier la loi relative à l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités. Il s’agit d’instaurer dans la négociation des “critères transparents, objectifs”, rendant compte du coût réel (production, recherche) du produit pour arriver à un prix juste qui prévoirait également une prime pour l’innovation et une marge “raisonnable” pour l’entreprise.

“L’évènement qui m’a fait sursauter et proposer ce modèle, c’était la mise sur le marché des médicaments contre l’hépatite C”, explique lundi Anne Hendrickx, économiste et conseillère Solidaris. “Le Sovaldi a été commercialisé dans toute l’Europe pour un prix aux alentours de 40.000 euros, avec parfois des ristournes confidentielles. Dans le modèle, il est à 900 euros. Il n’y a aucune complexité dans la production, et la recherche n’a pas été très importante. (…) Une enquête du sénat américain a par ailleurs montré que le prix avait été fixé pour maximiser le profit, en sachant très bien que ça ne permettrait pas à tous d’y avoir accès”. En Belgique, le remboursement avait d’ailleurs été limité dans un premier temps aux patients les plus malades, alors qu’environ 1% de la population serait concernée par la maladie.
“Pour les maladies rares, un traitement qui ralentit l’évolution de la maladie, ça coûte entre 300.000 et 500.000 euros par an et par patient. C’est impayable”, ajoute Anne Hendrickx.